Ou Wings of the Ocean. Cette association de protection des océans était encore inconnue à mes yeux lors de ma balade au village Le Figaro Paprec à Rouen. Je suis loin d'être un vieux loup de mer, mes seules escapades sur l'eau prenaient place dans des ferrys bien confortables à l'abri du vent salé. Pourtant ce territoire, exploré à seulement 5% (!), a toujours été dans un coin de ma tête, prêt à jaillir à la moindre turbulence. Comment pouvons-nous aussi mal connaitre quelque chose d'aussi évident que les océans ? Alors qu'ils représentent les trois quarts de la planète ! C'est le soir même de ma conversation avec Léa sur le stand que j'ai préparé ma candidature. Minimum un mois d'engagement sur le terrain, mais nourri, logé et blanchi. A ce stade, j'étais en pleine introspection quant à mon avenir sur Rouen. L'opportunité de passer un mois, voire deux, dans le Sud de la France s'est montrée très tentante. L'étang de Berre ? Ou bien la Camargue ? Ce sera le premier, direction donc la côte Bleue pour poser les valises.
Ensuès-la-Redonne, une propriété à deux pas de la mer et 7 colocataires. Étant le seul homme sur place, le spectateur non averti pourrait croire à une nouvelle saison du Bachelor. Qu'il reste ignorant. Passons cette vision douteuse pour se concentrer sur la première baffe, la chaleur d'un 1er octobre sur la Méditerranée. C'est simple, j'ai porté mon bermuda pendant tout le mois. Le Mistral est parfois venu jouer les troubles fêtes mais s'est vite lassé de l'ambiance positive des lieux. C'est vrai, il y a un côté colonie de vacances sur les missions Wing, mais la réalité du terrain et les axes de sensibilisation ont vite fait de nuancer cette impression. L'étang de Berre est un environnement pollué, indéniablement. L'histoire du lieu donne le vertige en même temps que la nausée. Entre industries lourdes et déchets sauvages, peu de gens semblent se soucier du désastre environnemental de la région. C'est pourtant ces gens qui ont œuvré à rendre l'étang moins pollué, qui nous donnent espoir en l'avenir.
Notre mission comporte de multiples objectifs. Le ramassage dans les lieux publics fait partie du plus gros du boulot. Car il ne s'agit pas que de ramasser des canettes de bière planquées entre les rochers. Il faut aussi tout caractériser correctement, au point de rendre ridicule notre idée du tri sélectif à la maison. Les bâtons de sucette avec les bâtons de sucette, les mégots entre eux, c'est une véritable ségrégation des déchets. On va même les peser tiens, parce qu'au final ce sont les chiffres qui permettent de tirer la sonnette d'alarme et d'être entendu. Plus important encore, d'être écouté. A cela s'ajoute des moments de sensibilisation auprès du public. Qu'ils soient pendant un événement lié au climat, avec une entreprise ou bien dans les salles de classe, il est aussi important d'enseigner l'amour des océans que de connaitre par cœur leur nom et localisation, même si pour certains sensibilisés c'est peine perdue. Une autre action plus scientifique consiste à prélever des échantillons de terre partout autour de l'étang. Ils seront ensuite analysés pour identifier les micro-plastiques présents déjà dans les sols. Spoiler, il y en a beaucoup.
Pour ne rien vous cacher, l'une des raisons qui m'a poussé à rejoindre Wings of the Ocean c'est aussi parce que chaque mission requiert un bénévole média. Et comme je l'ai rapidement appris, réaliser des actions a son importance, mais en informer la population l'a tout autant. J'avais cette fois un projet photographique sur le long terme, celui d'immortaliser nos actions et surtout mettre en avant les bénévoles sans qui l'association n'irait pas bien loin. Chaque sortie se transforme donc en un mini-reportage à couvrir, chaque moment de repos laisse germer des idées de projets artistiques, dont certains seront réalisés, d'autres non. Je suis dans mon élément.
Mais par dessus tout, faire partie d'une action collective pour une cause que l'on croit dur comme fer juste, être entouré de gens aussi inspirants, se rendre compte aussi du mécanisme grinçant d'une association aussi grande, ressentir des émotions toujours différentes mais ô combien revigorantes... Je vous avoue que je me suis senti parfois (souvent ?) très petit et insignifiant, en dehors des clichés que je faisais découvrir à mes coéquipières. Alors oui, c'est un sentiment tout à fait normal, autant que se rendre compte qu'on ne peut pas être parfait et que notre force vient du groupe. Comme le disait quelqu'un dont j'ai oublié le nom, "on a tous le pouvoir d'une seule personne, mais on a tous ce pouvoir".
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