Ce caillou est, sans surprise, une véritable merveille. C'est simple, il n'a aucun défaut, contrairement à son grand frère qu'il remplace. En voyant le cahier des charges pour les nouvelles optiques fixes standards, les ingénieurs de chez Fujifilm ont du faire dans leur froc sans la moindre sommation. Il faudrait déjà que j'explique pourquoi un équivalent 50mm est aussi important dans le sac d'un photographe. La plus évidente est sa restitution des perspectives. Une focale de 50mm est ce qui se rapproche le plus de la vision humaine. Cela lui donne donc une crédibilité sans faille pour réaliser de la photographie de reportage, et toute sorte d'autres domaines. C'est difficile de trouver plus polyvalent, un peu comme un SUV qui serait aussi à l'aise en ville qu'en campagne... Non je plaisante, n'achetez pas de SUV c'est de la merde.
Une autre raison est la distance avec laquelle on doit se trouver du sujet à photographier. On n'a pas besoin d'être trop loin, ni trop près, le tout forme un environnement naturel. J'ai remarqué aussi que cette focale était généralement la plus facile à concevoir et donc la moins cher sur le marché. Il faudrait donc vraiment être un vieux grincheux ou un jeune rebelle (l'inverse fonctionne aussi) pour ne pas avoir dans sa poche un équivalent 50mm. Seulement voilà. Il y avait quelque chose qui me chiffonnait avec ce 33mm, même plusieurs, ce qui m'a résolu à faire une chose que n'importe quelle personne bien constituée considérerait comme stupide.
Comme je le disais plus haut, ce XF 33mm R LM WR remplace sont ainé le XF 35mm 1.4 R. Ce dernier est considéré comme une légende par beaucoup d'utilisateurs Fujifilm. Et contrairement au petit jeune de la nouvelle vague, le 35mm est bourré de défauts. Son autofocus est bruyant et lent, son piqué n'est pas homogène et il n'est pas tropicalisé. C'est pourtant avec toutes ces informations en mains que je me suis décidé à revendre mon 33mm pour acquérir le 35mm. Qui fait ça de nos jours ? Troquer la nouvelle version pour l'ancienne ? Pour ça vous devez déjà comprendre pourquoi je suis devenu un fervent utilisateur des boitiers et objectifs Fujifilm, je vous rassure tout deviendra logique à la fin.
De mon côté, j'ai jeté mon dévolu sur le modèle X-T4 argenté et le X-Pro 3. Dans ces deux gammes, on retrouve ce qui faisait le charme des appareils photos argentiques de la deuxième moitié du XXe siècle, des boitiers élégants avec tous les réglages à effectuer à l'aide de bagues et molettes. Et oui, pas d'écran à cette époque pour modifier l'ouverture. On achète avant tout Fujifilm non pas pour la fiche technique (même si elle est généralement excellente) mais plutôt pour le look. Et quand je parle de look, je pense aussi à la façon dont les images sont traitées numériquement. Les capteurs X-Trans qui équipent la gamme X de Fuji sont, par exemple, dénués de matrice de Bayer, qui gère la gamme de couleurs d'absolument tous les appareils numériques d'aujourd'hui. Pour faire simple, les couleurs sont restituées différemment en utilisant un procédé propre à Fujifilm. C'est grâce à cela qu'il existe des réglages pour simuler d'anciennes pellicules argentiques. Et même si la supercherie n'arrivera évidemment pas à tromper un œil averti, le fait est qu'on arrive à se rapprocher plutôt fidèlement d'un tirage argentique.
Acheter Fujifilm, c'est d'abord aimer les belles choses. Et on aime les belles choses sans tenir compte de leurs défauts. L'autre avantage de la marque, lié à la gamme hybride APS-C du capteur, est également la relative légèreté et compacité du matériel. En général c'est pour ça qu'on s'équipe d'un hybride APS-C et pas d'un reflex plein format, éviter les séances de kiné à cause du poids abusé du matos.
En rentrant du Yukon, je me suis rendu compte que j'avais besoin d'alléger mon sac, et cela passait par ma gamme d'objectifs. Il a beau avoir toutes les qualités du monde, mon XF 33mm 1.4 n'est pas le plus léger ni le plus compact. Et quand je le compare avec son ainé, il a presque doublé en volume et en poids ! Je me suis souvenu avoir un jour installé le XF 35mm 1.4 R sur mon ancien X-Pro 2, c'était au cours d'une vente, et j'ai gardé en mémoire l'harmonie entre ces deux-là. J'avais envie de retrouver cette harmonie, quitte à sacrifier au passage la qualité d'image et la robustesse du petit jeune. J'avais aussi envie de gouter à la légende en retrouvant une image plus douce, plus modeste, intemporelle.
Voila comment j'en suis venu à revendre du neuf pour acheter du vieux. C'est quelque chose qui ne m'était jamais arrivé, et je ne sais pas si cela se reproduira un jour puisque dans ce cas de figure, ma principale motivation était le gain de poids et de taille. Mais quand j'y réfléchi même encore maintenant en écrivant ces lignes, je me rend compte que j'avais aussi envie de simplifier mes photographies, de me mettre des contraintes. Mais bon, peut-être que maintenant je pesterai sur l'autofocus mou du genou du 35mm. L'avantage c'est que vous ne serez pas là pour le voir.
Farewell young boy.
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